Trois grands personnages illustrent, en quelque sorte, l’histoire récente du rire à des fins thérapeutiques. Il s’agit de Norman Cousin, qui relate dans la volonté de guérir la façon dont il s’est soigné par des séances de rire.
Du Dr. Hunter Adams dit « Patch Adams», fondateur de la première clinique basée sur l’humour et l’humanisation des soins.
Et enfin du Dr. Madan Kataria qui a crée en 1995, à Bombay, le premier « club de rire », dont on dénombre aujourd’hui plus de 5000 partout dans le monde.
Norman Cousin a été l’un des premiers, à la fin des années 70, à expérimenter « scientifiquement » une thérapie par le rire. Ce dernier, atteint d’une « spondylarthrite ankylosante » 2, constata après avoir visionné un film comique que cela lui procurait environs deux heures sans douleur et un meilleur sommeil. Il prit donc congé de l’hôpital et, durant six mois, se soigna à l’aide de films comiques et de grandes doses de vitamine C. Le récit de cette guérison fut publié dans le New England Journal of Médicine puis pris par la suite la forme d’un livre : la volonté de guérir (1980).
Il prit part ensuite à diverses expériences grâce auxquelles on confirma cette affirmation de Robert Burton, parue il y a 400 ans de cela : « l’humour purge le sang, rendant le corps plus jeune, plus vif et apte à toutes sortes d’emplois ». En effet, des analyses de sang prélevées sur des sujets pendant qu’ils regardaient des films comiques ont démontrés une réduction notable des hormones du stress, ce qui entraînais une détente partielle voire totale du corps. Comme l’affirmait Emmanuel Kant dans sa Critique de la raison pure :
«Le rire produit une sensation de santé en renforçant les phénomènes physiques vitaux, l’affection qui remue les intestins et le diaphragme ; de sorte que nous pouvons ainsi atteindre le corps par le moyen de l’âme et utiliser la seconde comme médecin du premier ».
Au début des années 1980, le Dr. Patch Adams (personnifié au cinéma par Robin Williams) fonde la Gesundheit3 Institute, clinique ayant une approche différente de la maladie par rapport aux hôpitaux dit « traditionnels ».
Cette clinique est basée sur la gratuité et l’humour. D’après le Dr. Patch, les médecins doivent faire preuve de compassion, d’amour et de générosité, en plus de s’impliquer personnellement avec leurs patients. Il écrit en 1993 son autobiographie, Docteur tendresse, dans laquelle il affirme qu’il faut : «Eduquer les gens et leur apprendre à reconnaître et apprécier les moments heureux. »
Pour lui, la proximité et l’intimité entre le médecin et son patient constituent des éléments essentiels au traitement de la maladie. Cette approche est aujourd’hui jugée relativement efficace.
Certains hôpitaux offrent à présent des séances de thérapie par le rire animées par des clowns thérapeutes ou des clowns professionnels (voir interview). On trouve également dans de nombreux services des endroits dotés de bibliothèques où l’on peut se divertir, visionner des films, écouter de la musique, etc. Cette thérapie par le rire se répand en effet de façon exponentielle, et l’on trouve de plus en plus de cliniques qui font appel aux clowns des hôpitaux, où qui ont aménagé des salles de rire pour leurs patients.
Enfin, le Dr. Madan Kataria, médecin indou, crée en 1995 son premier club du rire.
Son approche, appelée aussi « yoga du rire », est basée sur une série d’exercices d’étirements et de respiration profonde, issus du yoga. Ces exercices enseignent à « rire sans raisons » pour stimuler à la fois sa capacité à rire, à relaxer, mais également à libérer ses tensions et à développer une attitude positive envers la vie.
Le principe directeur étant que, si l’humour ne réussit pas toujours à produire l’expulsion d’air et les contractions musculaires qui constituent le rire, ces séances fonctionnent car l’esprit ne fait pas de distinction entre un rire forcé et un rire « normal ».
Madan Kataria, surnommé le « gourou rieur », ancien interne en cardiologie, affirme dans son œuvre : Rire sans raison (1995) que « le rire, grâce à la respiration saccadée qu’il provoque, fait travailler le diaphragme, ce qui permet de masser en douceur l’estomac et les intestins, en plus d’activer la circulation sanguine et de fortifier le cœur. » Une séance de rire a donc l’effet d’un jogging interne et s’avère véritablement revitalisante, particulièrement si l’ont se prête à plusieurs séances.
(Attention, l’hyperoxygénation provoquée par une telle séance est contre indiquée pour les personnes asthmatiques ou ayant un problème cardiaque, ainsi que pour les femmes enceintes)
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